LES PARAMOUDRAS DU JAIZKIBEL ( mise à jour 2014 )

Signes et hypothèses de formation
 
Michel MOLIA

Le Jaizkibel est un chaînon montagneux (550m), d'orientation est-ouest, en territoire espagnol entre Fontarrabie et Pasajes. Flysch éocène. Les paramoudras sont des concrétions qui se sont faites autour des terriers de vers (polychétes ?) dans les fonds marins, il y a plus de 45 millions d’années.Nous nous proposons de passer en revue les signes que nous avons déjà décrits (C. Galan et M.Molia Aranzadi Sciences 2007) Nous insisterons uniquement sur les corrections qu'il faut apporter après une étude plus approfondie du site et la découverte de nouveaux éléments.

Dans un deuxième temps nous nous permettrons certaines hypothèses sur la genèse des paramoudras en tentant de les étayer par des observations et des expériences .L’étude de plusieurs exemplaires et leur coupe nous permet de rectifier certaines assertions que nous avions faites en 2007. En premier lieu il faut éliminer la notion de pédicule. En effet, seule la boule N°1 présentait un pédicule ; nous n'en avons trouvé aucun autre dans tout le site. C'est donc un élément exceptionnel que l'on ne peut retenir comme constitutif du paramoudras. Nous pouvons aussi éliminer d’emblée l’orifice en entonnoir,le « spicule » et le canal qui sont comme nous allons le voir, des artefacts secondaires à l’érosion. Ce qui nous permettra de décrire une nouvelle structure :la « gaine » . De plus nous n’utiliserons plus le mot « spicule » qui est un terme spécifique en paléontologie ; nous parlerons de « pointe ».

SEMEIOLOGIE

1) LES SIGNES DU PARAMOUDRA

les formes

  • les sphères certaines étonnamment régulières avec un seul canal plus ou moins bifurqué
  • les cylindres * horizontaux ; le plus souvent faits de successions de parties globuleuses. Rarement d'aspect cylindrique régulier * verticaux .Certains visibles sur les tranches de rocher, plus ou moins contournés, d'autres dont on ne voit que l'extrémité supérieure en forme de « sein »
  • les « cylindres-boules » sont unesuccession de sphères parcourues par un seul terrier
  • les masses mamelonnées. Formations indescriptibles faites de renflements successifs qui semblent résulter de colonies de vers car parcourues par de nombreuses galeries.

Toutes les formes de passage existent : formes ovoïdes, sphères successives ou imbriquées …Toutes les tailles aussi de 6cm à plusieurs mètres de diamètre.

l'intérieur

de granulométrie plus fine que la roche encaissante, très régulière , uniforme.

  • Le cordon traverse le paramoudra .Il est transfixiant . Son diamètre varie de 3 à.7-8 mm. Sa couleur est souvent plus sombre. C’est le moule du terrier du ver, il devrait être vide ; il s’est secondairement rempli de sable qui a été pétrifié avec l’ensemble.
  • La gaine qui entoure le cordon suspectée par Bromley. On peut parfois la mettre en évidence: en frottant une coupe apparaît un liseré déprimé filiforme.C'est la partie la plus sensible à l'érosion et c'est à partir de cette zone que se feront l'orifice en entonnoir et la pointe.
coupe longitudinale d'un orifice avec pointe (spicule)
la dépression obtenue en frottant la gaine

orifice
canal
pointe ( spicule)
pointes
cordon dans le canal
nacre

 Ce schéma que nous devons à G. Breton explique parfaitement le processus.

Les orifices supérieurs et inférieurs sont donc à niveau avec la surface du paramoudras.

Les signes accessoires sont rares

  • l'image nacrée est une section de coquillage Nous en avons trouvé 3 sur la douzaine des exemplaires étudiés.
  • les bulles d'air isolées, à distance et sans rapport avec le cordon
  • ainsi que les inclusions d'argile isolées.

2) LES SIGNES A L'EXTERIEUR DU PARAMOUDRA

Les empreintes plates. (voir photo page 8) Ce signe ne se rencontre que sur les paramoudras ; il n'y en a pas sur la roche encaissante. C'est une surface le plus souvent plane ou légèrement bombée régulièrement circulaire et le plus souvent centrée par la galerie. M. Breton est aussi d'avis qu'elles résultent de l'élimination d'un paramoudra antérieurement collé à cet endroit.

Les empreintes péri orificielles.(voir photos page 8) c’est un sillon qui nous semble creusé par le passage du ver.
L'enveloppe. Faite de sable très compacté qu'il faut parfois attaquer au burin. Elle peut même persister sur des cavités en dévers. Souvent entourée elle même d’une couche ferrique. Elle peut être totale (boule 19), fragmentaire, commune à plusieurs formations.

Il est difficile d'expliquer la formation de cette enveloppe. Notre hypothèse est que la pétrification précoce du paramoudra a peut être consommé des éléments nécessaires à la grèsification dans un périmètre plus large que le paramoudras .

3) LES SIGNES SUR LA ROCHE ENCAISSANTE

les orifices isolés dans la roche encaissante. Ils sont de trajet court 6-8 cm, .Ils ne traversent pas de paramoudras . La substance pulvérulente blanche qui a été trouvée dans les 2 cas à l'extrémité du trajet s'est révélée être de l'anatase( dioxyde de titane )! Nous pensons que le métabolisme du ver lui a fait sélectionner et concentrer les particules de titane. Il est possible que tous les terriers se terminent de la même façon.

les étoiles ne sont pas des paramoudras horizontaux. Ce sont des tunnels creusés par le ver et dirigés dans tous les azimuts à la sortie de son terrier lui même vertical .En effet nous en avons exploré une : il n'existe aucune limitation entre le bourrelet et la roche encaissante au contraire de ce que l'on observe dans les paramoudras. Dans notre cas (N°20) les cordons traversent d'abord 15 cm de grès, puis 6-8cm de sable dans une gaine d'argile, et ils finissent par disparaître dans le rocher sans avoir traversé de paramoudras.

étoile
  cordon isolé
cavités restantes

les cavités restantes sont de contour le plus souvent bien circulaire et la cavité demi -sphérique régulière

Les cordons isolés dans la roche mère sont très rares.

Description particulière de la boule N°19 

Nous faisons une description spéciale pour l'exemplaire N° 19 car il complète les signes que nous venons d'énumérer.Nous avions au départ une surface circulaire sableuse qui correspondait à l’enveloppe. En grattant la surface on fait apparaître un anneau gris très net d'argile. On se rend rapidement compte que c'est un cylindre qui entoure le cordon : la gaine . Il est régulier et descend sur 10 cm environ avant d'atteindre une partie dure : le paramoudra.

On le dissèque pour le voir rentrer dans la boule. A la face inférieure du paramoudra on trouve 2 orifices de sortie (le cordon s’est bifurqué) et dans l'enveloppe inférieure on voit le tube cylindrique identique qui descend encore 10 cm et rentre dans le rocher Nous venons d' explorer une zone originelle.

On a un trajet du canal dans l'enveloppe dont nous ne possédions aucun exemple; il est assez rectiligne, entouré d'une gaine d'argile. Nous voyons qu 'elle se poursuit à l'intérieur du paramoudras, et c'est à partir de cette gaine que débutera l'érosion.

L'enveloppe entoure le paramoudra de toutes parts . le sable n’est pas d’apport secondaire sinon la boule serait tombée au fond de la cavité.

C’est pour nous la preuve que le sable est présent dès la genèse du paramoudra. La cavité restante est très régulièrement sphérique.

FORMATION

Tous ces phénomènes se passaient dans les abysses à plusieurs centaines de mètres de profondeur.

Sur la coupe ci dessous nous avons situé les différentes zones intéressantes des sédimentsDans la théorie classique les paramoudras sont créés ex nihilo dans la zone redox par les réactions physico-chimiques et biologiques décrites par Clayton et par Ziljstra: c'est une lithification précoce qui serait provoquée par la circulation de l’eau à l’intérieur du terrier. La concrétion se faisant au dessus ou au dessous de la zone redox selon le sens du courant. Nous verrons plus loin que certains se posent la question de la coexistence sur le même lieu des paramoudras et des canon balls. Les canon balls sont des concrétions qui se font autour d’un nucleus et les théories de Clayton et de Ziljstra ne sont plus valables pour expliquer leur formation.

Zone 3 C/ Zone supérieure du sédiment mou contenant encore de l'oxygène : zone aérobie

B) Zone redox ; intermédiaire entre zone aérobie et zone anaérobie, où se fait la lithification précoce des paramoudras

A) Zone profonde des sédiments ne contenant plus d'oxygène : zone anaérobie . Où se trouvent les paramoudras durs avec leur enveloppe sableuse.

Zone 2 zone de transformation progressive des sédiments en grès Zone 1 zone de grès dur

Zone 1 zone de grès dur

Au moment de l'orogenèse des Pyrénées, (par rotation de la plaque ibérique) toutes ces couches vont monter ;la sédimentation diminue puis s'arrête, les parties molles vont être éliminées par les courants ,les séismes , les vagues et n'arrivera en surface que la couche dure : la roche encaissante en grès de lithification tardive ,contenant des paramoudras en grès lithifiés plus précocement. Le paysage que nous voyons est donc cette couche N° 2...après 45 M d'années d'érosion.

L’étude des composants . Carlos Galan insistait sur la possible cimentation des paramoudras par de la silice ; et il en faisait un élément important qui devait permettre de les différencier des « canon balls ». Le Dr Arantza Aranburu Artano et Irati Nogales du Dpt. De minéralogie et pétrologie de laFaculté des Sciences du Pays Basque de Leiola ont trouvé une cimentation uniquement carbonatée , ce qui a été confirmé par Jean Louis Henry ( Marseille ).Voir la deuxième partie de l'étude: Pétrologie.

Tous les autres composants ont aussi été analysés On en trouvera une description dans les articles de C Galan sur site «  Aranzadi sciences section speleologie».

Ces études ont confirmé la présence d’un tube qui engaine le cordon (qui tapissait les parois du terrier ) sur toute sa longueur. A l’œil il semble fait d’argile dans la traversée de l’enveloppe ; Selon C. Galan sa composition change selon qu’il est à l’intérieur du paramoudra ou dans la roche encaissante mais on sait qu’il reste fragile et très sensible à l’érosion.

Il reste à discuter de la nature de ces vers marins. Personne n’a vu le Bathichnus Paramoudrae qui est le plus souvent cité à l’origine des paramoudras.

Bien que nous n’ayons pu explorer un terrier jusqu’à sa terminaison nous pensons que ce sont des polychètes errantes , peut être munies de mâchoires et certainement detrétivores ou macrophages plutôt que filtrantes suspensivores. En mesurant le diamètre des cordons nous pouvons évaluer très grossièrement la longueur de ces vers. Un lombric actuel de 10mm de grosseur fait environ 15-20 cm de long . Le plus gros diamètre des cordons que nous avons trouvés fait 20mm. Nous pourrions estimer que ces vers faisaient au maximum
50 – 70 cm de long .

Dans 3 exemplaires nous avons trouvé des débris de coquillages.

Nous avons remarqué que certains signes sont plus nettement localisés à certaines zones : les étoiles ne se voient que sur une petite surface , les masses mamelonnées sont plus nombreuses dans la partie médiane du site, la région la plus occidentale est surtout faite de petits paramoudras. Ces localisations préférentielles nous font penser qu’il existait des espèces différentes selon les lieux. on peut penser que plusieurs espèces se sont succédées ou ont cohabité sur le même endroit ; De plus c’est la première fois que l’on décrit des paramoudras sphériques c’est peut être la preuve d’un taxon nouveau.

LES BASES DE NOTRE HYPOTHESE

 

Nous pensons que les paramoudras ont été plastiques durant une période de leur évolution.

Par endroits on a la sensation de « coulure » , ailleurs on voit les éléments s'adapter mollement les uns aux autres, plus loin on a l'impression que la formea été pliée comme la peau que l'on fronce entre deux doigts . Dans d'autres endroits le paramoudra garde l 'empreinte de l'enveloppe sableuse.

Mais la preuve est apportée par 2 autres signes

empreinte periorficielle
empreintes plates
  • Les empreintes plates. Cette image ne peut être obtenue que par le contact de 2 formations possédant une certaine plasticité. Nous en avons fait l'expérience en appuyant un ballon sur de la vase. L'image obtenue est absolument superposable; on obtient la même surface plane et la même bordure avec le petit bourrelet périphérique.
  • les empreintes periorificielles. Si,comme nous le pensons, ce sillon est dû au passage du polychète, il fallait que le paramoudra soit d’une certaine mollesse.Si nous acceptons que les paramoudras aient pu être d'une certaine plasticité, cette éventualité ne peut se rencontrer que au dessus de la zone redox.

 Les paramoudras devraient donc exister en tant que formation plastiques architecturées (« PREparamoudras ») avant d'être révélés parleur lithification dans la zone redox.

La nouvelle question est : quelles structures molles pouvaient exister dans la zone superficielle des sédiments, traversée par les polychètes ? Pour imaginer le mode de vie des annélides de la période éocène , nous devons étudier leurs descendants contemporains : les vers de terre et les vers marins.Très nombreuses variétés :plus de 5000 à 10 000 de chaque.Les vers ingèrent la terre et isolent temporairement une fraction du sol dans leur tube digestif. Après la digestion, ils rejettent les restes:

-soit le long de leurs galeries formant une « gaine »

- ou bien en dépôts à la surface: ce sont les « turricules ».

La taille des turricules varie de quelques millimètres à quelques centimètres et dépend de celle des espèces.

On trouve une « certaine ressemblance » entre un turricule sur la terre et un groupement de paramoudras; la taille seule diffère .

«  Les rejets des vers ont généralement une texture plus fine (teneurs en limon et en, argile plus importantes) que celle du sol environnant. Cette différence de texture, entre le sol et les turricule, serait due à une ingestion préférentielle des particules fines (limons et argiles)plus riches en matière organique. » 

Nous avons vu que la granulométrie de l'intérieur des paramoudras était plus fine que celle de la roche encaissante.« La stabilisation des déjections résulte de processus physico-chimiques, biologiques et organiques. Elle dépend essentiellement de la richesse en matières organiques des sols (Swaby,1950; Lee, 1985; Shipitalo et Protz, 1989) mais aussi de l'activité microbienne dans les turricules (Lee, 1985). » La synthèse de mucus bactérien, de gommes polysaccharides peut expliquer la stabilité des turricules, en effet ils ont une certaine résistance aux intempéries.

Les 2 premières images sont celles d'une « pierre » trouvée par un ami dans une brocante ; donc d'origine inconnue. On voit le canal à la partie inférieure et on pense immédiatement à des turricules lithifiées.

Au Jaizkibel on retrouve les mêmes formes globuleuses qui se succèdent le long d'un canal médian : les « cylindres-boules » La taille est bien sûr très différente : 20 à 40 cm de diamètre au Jaizkibel.

Nous avons été au lac d'Hossegor creuser la vase à la recherche de vers . On obtient 2 sortes de vers. Les premiers en grande quantité , les seconds beaucoup plus rares, plus longs et très fragiles.

-Les premiers sont responsables des turricules cylindriques très nombreux sur les sédiments et des « étoiles » semblables à celles du Jaizkibel.

Les turricules des vers marins sont certainement de plusieurs dizaines de centimètres de long et comme ils sont continus, ils résultent d'une seule digestion.

Ceci confirme l'opinion que ces vers ont une très grande activité (Darwin).

La photo de droite montre un turricule sous l'eau et on voit qu'il garde sa forme au moins pendant quelque temps. Parce que, comme pour les turricules terrestres, les particules sont agglomérées par du mucus;

L'image suivante montre le tube de couleur orange qui tapisse le canal et qui pourrait correspondre à la zone facilement érodée que nous avons vu dans les paramoudras.

– Les deuxième vers pourraient être (?) responsables de ces formations noires . Ce sont des structures plus sphériques, peu nombreuses formées à partir des couches profondes des sédiments plus foncées. La granulométrie est très régulière , très fine.

Certaines d'entre elles présentent un canal central. Mais nous ne trouvons pas assez d'éléments pour en faire une étude plus approfondie .

LOCALISATION dans le flysch

Les grands fonds océaniques reçoivent des particules détritiques fines et des squelettes de micro organismes planctoniques  ( la sédimentation pélagique.) Le taux de sédimentation y est très faible, de l'ordre de 1 cm pour 1000 ans. Leur accumulation , si elle n’est pas perturbée par des avalanches, aboutit à des alternances de couches dures et plus friables qui donneront au bout de 100 000 ans les images du cycle de Milankovitch (conséquence de la variation de la quantité de chaleur reçue par la terre : équinoxe, obliquité de l’axe et excentricité de l’élipse terrestre) .   Dans la zone Irrupuntxa de 700m de long environ, on ne voit pas les strates de grès ou de calcaire dur alternées avec des marnes ou argiles comme dans les falaises de Zumaia. On en trouvera des exemplaires à quelque distance , mais ici on est devant une superposition d’avalanches de turbidité. On en dénombre une douzaine .

Ces avalanches naissent au niveau de la rupture de pente du talus continental. Les déclenchements sont de causes variées : accumulation et instabilité de dépôts sédimentaires ,érosion, sismicité …Les écoulements turbulents peuvent atteindre 20-30m/s et peuvent s’étendre sur des centaines de km. On les a découvertes à cause des dommages qu ‘elles occasionnaient aux câbles sous marins , Elles peuvent être responsables de vagues submergeantes ou d’effondrements de terrains (aéroport de Nice). Les avalanches de turbidités sont subdivisées en de nombreuses catégories selon leur composition ; sable , boues, blocs ; leur rapidité d’écoulement ; leur morphologie qui est elle même variable selon qu’on se situe dans le nez, le corps ou la queue de l’avalanche. Certaines sont plus érosives que d’autres selon le terrain et le lieu où elles surviennent. Ici nous sommes dans des avalanches homogènes de sable ou/et de boue. Nous nous contenterons de décrire et d’essayer d’interpréter les signes visibles en partant du constat que les paramoudras ne se développent que dans les avalanches. En effet on trouve de nombreux signes d’activité dans les strates ( Flysch à Helminthoïdes) mais pas un seul paramoudra.

Cas N°1- Supposons une première avalanche composée uniquement de sable . C’est un écoulement rapide de quelques heures qui va se stabiliser au maximum en quelques semaines. Un granoclassement va se faire , les grains les plus gros sédimentant plus rapidement.(voir les différentes Séquences de Bouma) . Les vers peuvent coloniser la partie supérieure puisqu’ils vont se nourrir à la surface. Progressivement un nouvel équilibre s’installe : zone aérobie, zone anaérobie et formation des paramoudras dans la zone redox.

Cas N°2- Si une nouvelle avalanche survient précocement elle va entraîner , peut être en totalité, la partie molle des sédiments avec les paramoudras qui ne sont pas encore fixés. Ces paramoudras durs et lourds vont tomber les premiers ; les « PREparamoudras »  se trouvant dans la couche aérobie sont moins lourds et vont tomber plus lentement.

Exemple N°1

A la base de cette avalanche on trouvait un chapelet de paramoudras déposé par le courant. Il faut remarquer un point important : l’axe des terriers ne sera plus vertical comme il l’était au moment de leur pétrification mais disposé dans tous les sens puisqu’ils auront été roulés par les turbulences. De plus les enveloppes molles auront complètement disparu. Il semble que l’on puisse en déduire que la présence d’une enveloppe ou son empreinte dans la roche prouverait que le paramoudra est dans sa position originale , sa disparition devrait indiquer qu’il a été déplacé par un courant de turbidité.

N°2
N°2bis

Si les avalanches se suivent dans un temps rapproché la coupe montrera une prise en bloc des avalanches successives sans intervalle entre elles. (Exemples N° 2 et 2 bis)

Cas N°3-Si elle survient assez tardivement pour que la sédimentation pélagique ait eu le temps de former une couche suffisamment épaisse et dure protégeant l’avalanche sous-jacente on ne doit pas trouver de paramoudras à la base de la coulée N°3.
La coupe permettra de voir un espace nets entre chaque coulée , qui correspond à une période calme de sédimentation pélagique plus ou moins longue.

  N°3
  N°4

Au fond de la fissure on trouve l’aspect feuilleté de la sédimentation pélagique écrasée par l’avalanche supérieure N°3

N°5
N°6

Les 2 éventualités sont visibles ci dessus : Dans le bloc supérieur on voit 4 avalanches successives et rapprochées, lithifiées ensemble; il n’y a pas d’enveloppes. L’avalanche la plus base ne contient pas de paramoudras à la base ; en effet elle est séparée de la précédante par une faille nette : c’est l’espace laissé par une période de sédimentation calme . Dans le bloc inférieur on trouve des paramoudras avec des traces d’enveloppes ; Ils sont la preuve d’une re- colonisation par des anélides.

La séquence complète serait: une base avec des paramoudras sans enveloppe et avec des terriers dans toutes les directions. Au dessus des PRE paramoudras disposés de façon aléatoire. Au cœur de l’avalanche une zone « vide » de formes.

En surface des paramoudras avec enveloppe et terriers verticaux.

Cette séquence est rarement complète.

-les paramoudras de la base vont manquer dans les avalanches sur une couche dure de sédiments ,mais peuvent aussi avoir été « consommés » dans la partie proximale de l’avalanche ou être arrêtés par un obstacle.

-les PRE paramoudras mous par définition, seront emportés plus ou moins loin avec les matériels environnants de même densité.

.-le centre de l’avalanche ne peut s’apprécier que dans les avalanches très épaisses.

-la re- colonisation devrait pouvoir nous permettre de trouver la profondeur atteinte par les terriers des vers depuis la surface.

Nota

Les paramoudras sont au moins en partie responsables de ces rochers « gruyère » que l'on voit sur la majeure partie du Jaizkibel.
Dans les criques où se terminent les ruisseaux qui descendent du Jaizkibel on trouve des galets qui après avoir été roulés pendant des millénaires présentent des cordonsen surface. Nous en avons tronçonné quelques uns et trouvé , parfois , des sections de cordon. Certains de ces galets pourraient donc être des paramoudras tombés des falaises sous jacentes.

galet vue extérieure
section de galet
chutes de sphères
chutes de cylindres

Les trous arrondis peuvent résulter de la chute de paramoudras ou/et de canon balls mais la photo de droite montre des chutes de cylindreset donc de paramoudras.Depuis que nous connaissons les paramoudras nous en avons trouvé dans tout le Jaizkibel depuis Fontarrabie jusqu’à Pasajes. Le plus souvent on ne voit plus que les trous donnant aux rochers cet aspect de gruyère, mais parfois il reste des sphères et des cylindres ; Et la zone où on peut en trouver est bien plus vaste : En 1956 Joaquim Gomez de Llana avait remarqué à la Punta Atalaia à Pasajes et au « raton » de Guetaria « las bolas (que) al desprenderse dejan huecos esferoidales » et qui sont des paramoudras comme nousl’avons vérifié avec JM Cortizo et Thierry Juteau.

Les paramoudras dans les géoformes

On trouve au Jaizkibel des formations curieuses façonnées par l’érosion. On pourrait les rapprocher des « taffoni » que l’on connaît en Corse mais leur formation semble être différente. On accuse les intempéries d’être à l’origine des taffoni ; ici cette genèse est peu probable : ces géoformations se trouvent dans la majorité des cas orientées au sud ou à l’est alors que la pluie et le vent viennent essentiellement du nord et ouest. De plus on les trouve toujours dans des abris sous roche.C Galan propose une explication plus satisfaisante : « la dissolution interkarstique ». Il explique que l’eau de pluie et des embruns tombée sur les rochers s’infiltre par des micro fissures ou des canalicules microscopique et finit par détruire le ciment qui maintient collés entre eux les grains de quartz . Le résultat est surprenant : aspect de nids d’abeilles, structures gothiques, draperies, bandes de Moebius, etc… sur des dizaines de mètres carrés. Le nombre, la diversité, l’étendue de ces panneaux fait du Jaizkibel un site exceptionnel et certainement unique au monde.

On note dans ces structures des formes sphériques qui semblent étrangères à la sculpture environnante. Nous allons essayer de prouver que ce sont des paramoudras situés à l’intérieur de la roche encaissante et qui sont révélés par ce type d’érosion. Le résultat est variable selon que la dissolution interkarstique attaque la roche encaissante, les paramoudras ou les deux à la fois.

- le plus souvent les paramoudras sont « disséqués » par l’érosion et apparaissent suspendus dans la géoformation.

- d’autres fois la roche encaissante est lisse et plane et seuls les paramoudras subissent la dissolution.

-ailleurs les paramoudras et la roche sont érodés ensemble . Le résultat est particulièrement esthétique, surtout quand ils sont de couleurs différentes : Sur un mur complètement lisse et rouge on trouve des cercles parfaits de couleur jaune.

Nous avons recherché le signe indispensable au diagnostic: le terrier du polychète. Les paramoudra  ont été déplacés et roulés, les terriers se retrouvent dans des directions variables mais nous l’avons retrouvé dans nombre d’occasions.

Cela nous semble suffisant pour proposer d’envisager la possibilité que toutes les « boules » du Jaizkibel et toutes les cavités sphèroïdales relèveraient de la même origine …. Le diagnostic de canon ball était le seul envisageable avant la découverte des paramoudras .

Post scriptum

Le 14Aout 2014 En cherchant les bornes frontières dans les arres d'Anie (à hauteur des bornes 266- 268) on est surpris de l'aspect de certains rochers , ils ressemblent étonnamment à ceux du Jaizkibel.

Jaizkibel Arres d'Anie

Et on y retrouve le canal et même la gaine plus foncée que nous avons décrite dans les paramoudras de Irupuntxa

le cordon et sa gaine Port Vieux de Pinède

Le 3 septembre 2014 Même découverte en montant au Port Vieux de Pinède (borne 320) dans l’éboulis avant d’arriver au col.

Nous avons 2 exemples de paramoudras en silex dans une roche encaissante de calcaire. Ce qui correspond aux descriptions des paramoudras du paléocène.. mais nous sommes ici dans le crétacé. Ces paramoudras seraient donc les plus anciens connus .

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